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« La voile, ça change un homme »

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Nelson Burton (E09) n’a pas hésité à quitter la publicité pour accompagner son frère Louis sur les mers. Aujourd’hui, il lève des fonds pour permettre à ce dernier de finaliser sa participation au Vendée Globe. Reflets Magazine. Comment est née votre passion pour la voile ? Nelson Burton. Mon frère Louis et moi naviguons ensemble depuis notre enfance. De nos 5 ans à nos 15 ans, nous avons passé la majorité de nos vacances sur des bateaux : nous partions avec notre père, deux semaines pour une croisière touristique quelque part dans le monde, et deux semaines avec notre catamaran de sport, sillonner les plans d’eau de France. Par la suite, nous n’avons jamais cessé de faire des régates. J’ai même proposé à Louis d’être le skipper d’ESSEC Voile pour la Course Croisière Edhec de 2007 : nous avons fini deuxième au classement étudiant, et onzième au classement général. RM. Quand avez-vous décidé d’en faire votre carrière professionnelle ? N. Burton. C’est un mélange de hasard et d’opportunité. Mon diplôme en poche, je me suis lancé dans le secteur de la publicité : après un premier poste en planning stratégique au sein de l’agence Australie, j’ai rejoint BETC pour développer des opérations de brand content liées à la musique. Parallèlement, mon frère, tout en ayant fondé sa propre entreprise, BG Yachting, a continué à naviguer. En 2010, il a pu faire la Route du Rhum grâce au soutien de Bureau Vallée, sponsor qu’il a démarché lui-même. Les retombées de cette course ont plu aux sponsors et l’ont encouragé à persister. En avril 2011, il m’a proposé de participer avec lui à la Transat Jacques Vabre – 17 jours de course entre Le Havre et Costa Rica… Je n’ai pas hésité, j’ai immédiatement présenté ma démission pour le suivre. RM. Comment prépare-t-on une course de cette envergure ? N. Burton. Cela exige un investissement à temps plein, sur plusieurs mois. Je me suis installé en Bretagne de juin à octobre 2011, quitte à dormir sur les canapés des amis… Peu importait : l’essentiel était que je puisse naviguer tous les jours. Sur le plan physique, j’ai perdu du poids, habitué mon corps au régime alimentaire qu’impose la vie en mer. Sur le plan opérationnel, nous avons développé le partenariat avec Bureau Vallée, afin d’affréter notre bateau et d’acquérir l’équipement technique nécessaire. Hormis une attachée de presse et notre coach Christophe Lebas, nous assumions seuls toute la préparation de la course, quand nos concurrents s’entouraient de grosses équipes. Ils avaient des diététiciens, nous avions nos familles pour nous faire de bons petits plats ! Les organisateurs de la Transat n’y croyaient pas eux-mêmes : quatre jours avant le départ, ils ont publié un communiqué de presse indiquant que tous les participants avaient leur chance, sauf les frères Burton… Au final, cela nous a donné envie d’en découdre : on a créé la surprise en arrivant septième sur treize. RM. Comment cela s’est-il passé à bord ? N. Burton. C’est une expérience qui change un homme. C’est violent, c’est parfois dangereux et effrayant, d’autant que l’autre personne qui risquait sa vie avec moi était mon frère. Et en même temps, on se découvre des ressources insoupçonnées, une capacité d’adaptation et de résistance dont on n’avait pas idée. J’ai énormément appris sur moi-même, et je suis rentré chez moi dans un état second : pendant trois mois, je n’ai pas retrouvé de cycles de sommeil normaux, j’ai fait des cauchemars toutes les nuits… Ça a été très dur de revenir sur la terre ferme. RM. D’ailleurs, votre frère a repris la mer aussi sec… N. Burton. Louis est reparti 15 jours après pour ramener le bateau, avec une idée en tête : effectuer le trajet de Saint-Barthélemy à Lorient afin de se qualifier pour le Vendée Globe. C’est un nouveau défi, encore plus ambitieux – probablement le plus ambitieux de tous, un tour du monde en solitaire, trois mois de course ! Depuis 1989, seuls 72 skippers se sont lancés dans cette aventure. On passe au niveau supérieur, aussi bien en termes sportifs qu’en termes budgétaires. RM. C’est là que vous intervenez… N. Burton. Je m’éloigne de l’aspect sportif mais je prends la main sur l’aspect sponsoring et marketing, pour lequel j’ai été formé. C’est un équilibre parfait, auquel nous avons soigneusement réfléchi avec mon frère. Début 2012, Louis a créé sa propre structure, BG Race, implantée à Saint-Malo, pour la gestion administrative et technique du projet ; et j’ai fondé Admiral N pour notre recherche de partenaires et le suivi de la communication. Notre équipe compte désormais une dizaine de personnes, dont la femme de Louis, Servane Escoffier, à la direction technique, trois techniciens et un chef de projet pour l’équipement du bateau, un responsable administratif et deux attachés de presse. RM. Que proposez-vous à vos sponsors ? N. Burton. Naturellement, nous offrons une forte visibilité sur le bateau, les vêtements, les opérations digitales, sans oublier les retombées médiatiques considérables liées au Vendée Globe. Par ailleurs, nous développons pour chacune des entreprises qui nous accompagnent un partenariat sur mesure, adapté à leurs besoins. Nous pouvons proposer autant des sorties en mer sur notre voilier que du développement produit. Le but reste de partager l’aventure, de la vivre ensemble. S’associer à un skipper, grâce aux moyens de communication actuels, c’est suivre un explorateur dans son quotidien. On découvre avec lui des territoires vierges et magnifiques, on repousse avec lui les limites de l’humain ; on vit aussi, à cet égard, un voyage intérieur. Les valeurs que la voile permet de véhiculer sont celles du dépassement de soi et de l’ouverture, ainsi que du développement durable et de l’innovation technologique, le vent et l’hydroélectricité étant les principales sources d’énergie à bord. Par ailleurs, notre équipage présente un atypisme porteur en termes d’image : Louis est le benjamin de la course, c’est un entrepreneur parisien… Il incarne une jeunesse inventive et audacieuse. RM. Le Vendée Globe commence le 10 novembre 2012. Parviendrez-vous à réunir les fonds nécessaires d’ici là ? N. Burton. Grâce aux sponsors existants, notamment Bureau Vallée qui nous reste fidèle, nous avons de quoi prendre le départ. En revanche, nous avons besoin de fonds supplémentaires pour que Louis puisse espérer optimiser au maximum sa performance. Notre objectif est de lever 300 000 euros auprès de deux ou trois partenaires. RM. Après le Vendée Globe, quelles sont vos perspectives ? N. Burton. Je conçois Admiral N comme une agence de conseil en marketing sportif. Je compte bien pérenniser ma collaboration avec mon frère, mais j’aimerais aussi élargir mon activité. Je suis confiant : ma connaissance couplée des métiers de la communication et de la voile me différencie sur ce marché. Après le Vendée Globe, j’entrerai certainement dans une phase plus prospective. Cependant, je souhaite m’accorder du temps pour me consacrer à mon autre passion – la musique. C’est aussi une des raisons pour lesquelles j’ai opté pour l’entrepreneuriat : je suis maître de mon emploi du temps, libre d’assumer ma bipolarité. Entre la musique et la voile, je n’ai jamais pu ni voulu choisir. Aujourd’hui, je parviens enfin à concilier les deux. RM. Vous êtes membre d’un groupe de musique, MAN&MAN… N. Burton. Cette aventure d’un autre genre a commencé en 2006, lorsque j’ai rencontré Alexandre Berchon et Luc Dagognet (E11). Tous les trois, nous avons débuté comme DJs, puis sommes peu à peu devenus un groupe à part entière. Nous avons sorti notre premier maxi en décembre 2009, intitulé Les Grandes Vacances, que vous pouvez écouter sur Deezer ou Spotify. Aujourd’hui, nous passons à la vitesse supérieure : nous avons fondé notre propre boîte de production, les Man Brothers, avec laquelle nous lançons un deuxième maxi dès septembre 2012, Homerun. Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser >E11 Bio express Diplômé de l’ISCPA, Louis Burton crée dès sa sortie de l’école BG Yachting, agence de conseil en communication événementielle spécialisée dans l’organisation de croisières d’exception. En 2010, à l’âge de 25 ans seulement, il participe à sa première course transatlantique, la Route du Rhum, qu’il mène à son terme malgré une collision avec un chalutier. Il intègre ensuite la Classe Imoca, la reine des monocoques, en naviguant sur l’ancien Delta Dore de Jérémie Beyou. En 2011, il court la Transat Jacques Vabre avec son frère Nelson, puis rejoint l’Europe en solitaire sur la transat BtoB, ce qui lui permet d’empocher son sésame pour le prochain Vendée Globe, dont il est le benjamin. Il en profite pour créer la première base de course au large à Saint-Malo, BG Race, son ambition étant d’accueillir d’autres projets que le sien au sein de cette infrastructure flambant neuve.

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